Les origines du Dogue allemand
L’influence des molosses antiques
Les ancêtres du Dogue allemand remontent à l’Antiquité. Déjà, dans la Grèce et la Rome antiques, des chiens de grande taille étaient utilisés comme chiens de guerre et de chasse. Ces chiens, souvent croisés avec des Molosses d’Asie, étaient appréciés pour leur force et leur endurance. Ils accompagnaient les légions romaines lors de leurs conquêtes, effrayant leurs ennemis et protégeant les soldats. Certains récits rapportent même que les Molosses étaient utilisés dans les arènes de gladiateurs, où ils affrontaient des fauves.
Ces molosses furent ensuite disséminés à travers l’Europe par les invasions romaines et se croisèrent avec d’autres races locales, donnant naissance à des lignées de chiens puissants, utilisées notamment pour la chasse aux grands gibiers.
Le rôle des Allains et leur influence
Une influence majeure dans le développement du Dogue allemand provient des Allains, une tribu nomade indo-européenne qui se déplaçait en Europe avec leurs chiens puissants et endurants. Ces chiens, appelés Allan-Vautres, étaient utilisés pour la chasse aux grands gibiers et étaient très réputés au Moyen Âge. Leur robustesse et leur courage en faisaient des auxiliaires indispensables pour traquer le cerf, l’ours ou encore le sanglier. Ces chiens, au physique impressionnant, étaient capables de maîtriser des proies bien plus lourdes qu’eux.
On raconte que les Allains, notamment en Gaule et en Germanie, introduisirent ces chiens de combat et de chasse auprès des seigneurs locaux, qui les croisèrent avec d’autres races régionales afin d’améliorer leur endurance et leur stature. C’est ainsi qu’est née une lignée de chiens de grande taille, résistants et dotés d’un fort instinct protecteur, caractéristiques que l’on retrouve aujourd’hui chez le Dogue allemand.
Pourquoi l’appelle-t-on « Dogue allemand » en Europe et « Great Dane » aux États-Unis et en Angleterre ?
L’appellation « Dogue allemand » vient de l’Allemagne, où la race a été perfectionnée et standardisée au XIXe siècle. Le terme « Dogue » fait référence aux molosses utilisés historiquement pour la chasse et la garde, et « allemand » souligne l’origine du développement de la race.
En revanche, dans les pays anglophones, notamment aux États-Unis et en Angleterre, la race est connue sous le nom de Great Dane. Cette confusion vient d’une observation faite par le naturaliste français Georges-Louis Leclerc de Buffon, qui, au XVIIIe siècle, aperçut des chiens de grande taille au Danemark et leur attribua ce nom. Buffon, ayant remarqué que ces chiens étaient plus grands et plus élancés que les dogues traditionnels, pensa à tort qu’ils étaient d’origine danoise. Même si cette appellation est erronée du point de vue historique, elle est restée populaire dans le monde anglo-saxon.
L’émergence du « Grand Danois »
Malgré son appellation erronée de « Grand Danois », la race n’a que peu de liens avec le Danemark. À cette époque, ces chiens étaient des compagnons privilégiés de la noblesse. Leur rôle était double : accompagner les aristocrates lors de parties de chasse et servir de gardiens dans les domaines. Leur apparence imposante et leur fidélité en faisaient des compagnons prisés, souvent représentés dans des peintures et des sculptures d’époque. De nombreuses familles aristocratiques élevaient ces chiens avec soin et leur offraient un statut particulier.
On rapporte que certains seigneurs, soucieux d’améliorer la robustesse et l’esthétique de leurs chiens, les nourrissaient avec des régimes spécifiques et faisaient venir des éleveurs spécialisés de toute l’Europe.
La reconnaissance officielle de la race
Ce n’est qu’au XIXe siècle que la race fut officiellement reconnue. En 1878, un groupe de cynophiles allemands se réunit à Berlin pour établir un standard officiel. En 1880, la race fut nommée « Deutsche Dogge » (Dogue allemand), affirmant ainsi ses véritables origines germaniques.
Anecdotes marquantes sur le Dogue allemand
1. Les Dogues allemands et la royauté
Le chancelier allemand Otto von Bismarck était un fervent admirateur de la race et possédait plusieurs Dogues allemands. Il les considérait comme des compagnons fidèles et des gardiens d’exception. On raconte qu’il n’allait jamais nulle part sans l’un de ses chiens à ses côtés.
De son côté, le roi Christian VII du Danemark était également un amateur de Dogues allemands, contribuant à répandre la légende selon laquelle la race aurait des origines danoises.
2. Le Dogue allemand et la culture populaire : l’héritage de Scooby-Doo
Le Dogue allemand est une race iconique qui a inspiré des personnages célèbres. Le plus connu est sans aucun doute Scooby-Doo, le héros du dessin animé éponyme. Créé en 1969, Scooby-Doo incarne un Dogue allemand maladroit, peureux mais incroyablement attachant. Son physique correspond parfaitement à celui de la race, bien que son comportement craintif soit exagéré pour des raisons comiques.
Un autre Dogue allemand célèbre est Marmaduke, héros de la bande dessinée humoristique qui met en scène les mésaventures d’un chien trop grand pour son environnement domestique.
3. Le Dogue allemand et les records
Plusieurs Dogues allemands ont marqué l’histoire en battant des records de taille. Parmi eux, Zeus, un Dogue allemand du Michigan, fut officiellement reconnu comme le plus grand chien du monde, mesurant 1,12 m au garrot et atteignant 2,2 m lorsqu’il se dressait sur ses pattes arrière.
Le Dogue allemand est bien plus qu’un simple chien imposant. Son histoire fascinante, ses liens avec la noblesse et sa présence dans la culture populaire en font une race à part. De ses origines guerrières à son rôle de compagnon de famille fidèle et affectueux, il a su traverser les âges avec grâce et prestance.
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